Les prochaines sections sont divisées par un aspect vraiment typique de la TA, deux énormes rivières. Selon le TA Trust, elles forment une barrière naturelle et ne font pas partie du sentier. Il faut donc trouver une façon de les contourner. Mais, avant de vous expliquer plus en détail ce que nous avons fait, je vais vous dire comment nous nous sommes rendus à la première rivière à partir d’Arthur’s Pass. Aussi, la Canadienne qui nous accompagnait depuis plus d’un mois, Julia, a décidé qu’elle voulait partir solo vers l’avant. Ce fut un autre moment émotif de perdre une amie sur le sentier. Alex, la Britannique, est restée avec nous. Et le trio continue !

12 jours de nourriture, 12 livres de poids

Après une journée de repos, et quand je parle de repos, c’est rester dans le lit pendant une journée entière sans bouger, nous devions retourner sur le sentier avec notre énorme ravitaillement de 12 jours ! Oui oui, nous avions calculé rester sur la TA durant 12 jours consécutifs sans retourner en ville. Par contre, on doit contourner les rivières, ceci donne comme résultat qu’il faut passer par les villes les plus proches pour descendre la rivière, pour ensuite la remonter en espérant avoir un transport. Donc, l’envoi d’autant de nourriture n’est pas nécessaire, sauf peut-être pour sauver un peu d’argent étant donné que dans l’île du Sud, les points de ravitaillement sont presque uniquement des petites épiceries plus onéreuses.

Il faut sortir, même quand il pleut

Ce fut vraiment difficile de partir du petit village d’Arthur’s Pass, il faisait vraiment froid et il pleuvait. Nous avions un 12 km de route à marcher avant d’atteindre le prochain sentier, où nous voulions nous avancer jusqu’à la Hamilton Hut. Cependant, nous avons décidé d’arrêter au premier refuge après la route, surprise, Hugo le Français était là ! Nous sommes donc restés un peu en regardant le second film du Seigneur des Anneaux tous et toutes ensemble.

La section est plutôt bien balisée et n’est pas trop compliquée. De plus, il n’y a pas beaucoup de montées, le tout est plutôt plat. Par contre, les paysages sont encore au rendez-vous.

Ne passe pas là

Encore une fois, nous étions vraiment chanceux avec la température. Nous devions traverser la Harper River, mais ce fut vraiment facile étant donné que le niveau était bas. La section culmine au Lac Coleridge, où il n’y a pas vraiment d’endroit intéressant où camper et il n’y a pas beaucoup d’habitants. Il fallait donc trouver une manière pour nous rendre jusqu’à la ville de Methven, puisque le sentier termine directement sur le bord de la Rakaia River et recommence de l’autre côté. Le TA Trust spécifie de ne jamais traverser cette rivière à pied, elle ne fait pas partie du sentier.

L’alcool au volant, c'est non !

Nous avons attendu 2h sur le bord de la route pour finalement être pris par un bus scolaire qui venait porter des enfants dans le coin. La chauffeuse du bus nous a laissés à l’intersection pour l’autoroute et nous avons pu avoir un autre transport très rapidement. Par contre, après quelques minutes avec notre nouveau covoitureur, j’ai remarqué qu’il ne buvait pas juste du Coke, mais des canettes de Jack Daniel et Coke ! Au moins, il nous a déposés directement en ville ! Ouf !

Comme chez soi

La petite ville de Methven est vraiment populaire en hiver par sa proximité avec le mont Hutt, où les amateurs de snowboard et de skis s’amusent quand il y a de la neige. Nous avons opté pour un Holiday Park qui était peu achalandé et nous avons fait la rencontre d’un autre Britannique, Rory. Il travaille dans la région et il a un peu transformé la salle commune du camping en salon. Nous voulions prendre un autre jour zéro, mais un chauffeur de bus fait un trajet jusqu’au début du sentier de l’autre côté de la rivière tous les matins de la semaine très tôt. Il fallait donc prendre cette opportunité, sinon nous aurions dû attendre 3 jours à Methland, euh, Methven  !

Les pieds n'aiment pas le tussock

Nous avions choisi la bonne journée. Il y avait eu de la neige le jour avant et la température s’était réchauffée. La section qui suivait était plutôt difficile. La majorité du sentier est dans le « tussock », un type de terrain dangereux par son imprévisibilité et sa surface inégale. Nous avions un premier « saddle » ou un col (un passage entre deux montagnes où il est possible de passer) à monter le matin et le point de vue sur la Rakaia River et les montagnes environnantes était magnifique.

La suite de la section était plus ardue, mais nous avions tout de même réussi à nous rendre jusqu’à un refuge pour dîner. L’après-midi a été une grosse surprise, les notes et les cartes n’étaient pas claires sur le type de terrain et bien nous avions une belle marche en rivière de 6 km et du tussock en rafale.

Ibuprofène et café

J’avais mal au pied gauche depuis déjà plus d’une semaine. Ça m’était arrivé au début de la TA, mais pas aussi longtemps. Malheureusement, c’était de plus en plus douloureux et ma journée a été vraiment difficile. Après 33 km, mon pied voulait exploser. Nous avons campé juste à temps avant la pluie dans un endroit plutôt à découvert. Je suis toujours un peu inquiet quand il n’y a pas une bonne protection contre le vent. La journée suivante, il pleuvait encore et je carburais aux ibuprofènes et au café pour continuer à avancer.

Traverse la rivière ou lève le pouce

Nous sommes arrivés sur le bord de la Rangitata River, où encore une fois, le sentier se termine pour recommencer de l’autre côté. Cette rivière est moins dangereuse et plusieurs randonneurs l’ont traversée avec succès. Par contre, il s’agit d’un extra de 12 km de marche en rivière qui ne fait même pas partie de la TA ! La présence du mont Sunday, le Rohan dans le Seigneur des Anneaux, fait en sorte qu’il y a quelques voitures de touristes qui passent sur cette route au milieu de nulle part. Alex et Sandy m’ont remis entre les mains la décision difficile de continuer en traversant la rivière et de marcher un autre 3 jours jusqu’au Lac Tekapo, ou bien de trouver un transport pour retourner à Methven.

Si tu marches comme un canard, il y a peut-être un problème

Avec énormément de difficulté, j’ai décidé qu’il était mieux de retourner en ville pour que je sois vu par un médecin. Alex m’avait parlé d’une histoire sur la PCT où un gars avait marché durant plusieurs jours sur une jambe qu’il lui faisait mal. Le diagnostic pour lui fut une fracture de stress. Un os de sa jambe avait des micros fissures causées par un effort prolongé. Il a fallu 6 semaines de convalescence pour lui et bien sûr, ce fut la fin de son Thru-Hike.

Un gentil couple de Français nous a récupérés après leur visite du mont Sunday, nous avons tout de même attendu 2h sous la pluie et nous étions gelés comme des glaçons ! Le couple nous a amenés directement au centre de la ville. J’étais content de pouvoir profiter d’un repas chaud, mais j’étais inquiet.

Home Sweet Home

Nous sommes retournés au camping et avons décidé de prendre deux jours de repos. Il annonçait beaucoup de pluie et il faisait froid. Rory était encore là et s’occupait de chauffer la place avec le foyer. Nous avons aussi rencontré un autre Britannique, Matt, qui est resté avec nous durant les deux jours. J’ai réussi à avoir un rendez-vous avec un médecin qui était extraordinaire. Elle ne m’a rien chargé en m’annonçant la bonne nouvelle que je n’avais pas de fracture, mais une fasciste plantaire en dessous du pied, mais aussi sur le côté du même pied. Tout sourire, après que mon insécurité de voir mon Thru-Hike détruit par une blessure, nous avons fêté l’anniversaire de Rory avec un gâteau surprise !

Alex a réussi à convaincre Matt de nous amener jusqu’au début du sentier de l’autre côté de la Rangitata River, un trajet d’une heure sur des routes pas toujours asphaltées. De plus, il a décidé de nous suivre jusqu’au premier refuge. La suite dans le prochain article !

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