La suite du sentier semblait facile d’après les notes de la TA, mais quelques surprises nous attendaient. Rebecca et Angie nous ont transportés de l’autre côté du lac de Queenstown. Nous avions dormi sur la route la nuit d’avant à un camping du DOC. Michael y était ! Il avait déjà terminé depuis quelques semaines la TA, bravo !
En route vers la Mavora Walkway, je me suis rendu compte que j’avais perdu mes guêtres, j’étais plutôt furieux. J’aurais voulu terminer le sentier avec ma paire ! Mais, cette perte m’a fait réaliser à quel point je peux être attaché aux objets. On gâche souvent de beaux moments si précieux par cet attachement qui peut être parfois malsain.
La Mavora Walkway était une section relativement facile, mais elle restait tout de même boueuse. Quelques refuges étaient présents, mais ils étaient remplis de souris. Par chance, elles ne réussissaient pas toujours à se faufiler à l’intérieur. Nous avons passé la nuit dans un des refuges et nous avons bouché les trous qui pouvaient les laisser entrer. Finalement, beaucoup de bruit dans les murs, mais pas une souris à l’horizon durant notre nuit ! La MW nous fait suivre une vallée qui nous mène jusqu’à la Mararoa River. Nous avions droit à de magnifiques paysages, calmes et sereins.
Les pieds dans les bouses de vaches
Nous devions suivre la rivière pour une bonne partie de cette section, mais après le premier swing bridge, nous avons décidé d’aller directement sur la route de gravier qui était parallèle à la TA. Sinon, nous avions droit à une autre farm track. Je vous le dis, nous étions tout simplement à bout de ce genre de sentier. Un terrain inégal avec une multitude de bouses de vaches, pas très plaisant !
De la glace sur les souliers
Notre objectif était d’atteindre l’intersection de la Princhester Road qui allait être notre point de retour sur le sentier après notre ravitaillement à Te Anau. Nous avions décidé après plus de 35 km de nous arrêter pour la nuit où nous avions une source d’eau à proximité. Ce fut la nuit la plus froide du périple ! Ma montre indiquait -2 degrés à 2h du matin et nous nous sommes réveillés avec de la glace sur la tente et mes souliers étaient complètement givrés !
Un dure matin
J’étais un peu à bout dans cette section, la TA devait finir ! Je m’inquiétais concernant le froid. Le lendemain, le sentier nous réservait une belle petite section matinale de farm track. Les deux pieds gelés dans un chemin boueux avec des herbes hautes qui vous mouillent de la tête aux pieds à cause de la rosée. J’avais tellement hâte d’atteindre Te Anau ! Le reste du sentier était simplement une route de gravier qui nous amenait jusqu’à l’intersection qui était notre objectif. Hugo est soudainement apparu de nulle part ! Il était campé juste en haut du sentier sur le bord de la route.
Te Anau et un peu de confort
Nous avons dû faire du pouce pour atteindre Te Anau. Encore cette nuit-là, la température était tombée à moins de zéro ! Nous étions vraiment contents d’avoir payé pour une chambre de motel. Le lendemain, nous sommes montés sur la route pour faire du pouce et retourner à l’intersection où le sentier continue. Nous avons attendu 2h30 avant d’avoir un lift !
La suite de la TA nous amenait dans une section qui nous rappelle le Nord, de retour dans la jungle ! Le tout commence sur une petite route de gravier directement sur le terrain d’un fermier. Il a accepté que les randonneurs passent sur son terrain pour rejoindre un refuge. La suite était magnifique avec un retour aux forêts enchantées, mais aussi à la boue !
Un blocus de moutons
Les filles étaient parties avant nous de Te Anau. Elles avaient un avant-midi d’avance sur nous et même un peu plus. Nous avons réussi à les rattraper le lendemain en soirée. Elles étaient pas mal surprises et contentes de nous revoir. La suite du sentier était vraiment étrange. Le 19 km qui nous séparait de la route pour nous rendre à Otautau était une gigantesque ferme où il y avait des milliers et des milliers de vaches. Il est interdit de camper, de s’arrêter et même de prendre des photos sur cette section !
Les propriétaires ont accepté de faire un essai. Ils laissent les randonneurs passer s’ils respectent l’entente. La section est critique pour relier la TA d’un bout à l’autre, donc il est important de respecter les termes. Il faut aussi laisser la voie libre aux troupeaux quand ils changent d’endroit. Nous avons été bloqués par un énorme troupeau de moutons qui avait peur de nous. Dès qu’on avançait, il changeait de direction ! Nous avons donc dû nous cacher au moins 20 minutes et attendre que le troupeau passe pour continuer. Les moutons sont vraiment très peureux face aux humains !
Un café sur Otautau
Dès que nous avons atteint l’intersection où nous devions revenir pour la suite, nous avons levé le pouce en l’air et une famille de Kiwis nous a aussitôt ramassés pour nous amener sur Otautau. Nous avons atteint le village juste à temps, la pluie tombait abruptement et nous étions au chaud dans un petit café qui nous a attirés par son tableau. Après avoir bien mangé, le propriétaire du café nous a proposé de nous ramener à l’intersection de la TA ! Par contre, une surprise nous attendait sur la prochaine section…
Longue Longwood Forest Track
C’était la dernière grosse section de la TA. La magnifique Longwood Forest Track (LFT) et quand je dis magnifique, c’est par sarcasme ! C’était un retour aux forêts boueuses de l’île du Nord, de la boue, de la boue et encore de la boue ! Mais, nous devions monter jusqu`à Baldhill où nous avions une vue sur rien de moins que Bluff ! Oui, la fin était là, à l’horizon. La LFT est vraiment affreuse, elle suit une ancienne digue qui amenait l’eau aux travailleurs qui minaient dans le secteur. Je me disais que la présence de ce fossé artificiel antique aiderait à assécher la section. Non, c’était de la boue d’un côté comme de l’autre. Vous avez la possibilité de la quitter à un embranchement, c’est ce qu’Angie a fait elle qui marchait la section juste pour le plaisir. (et nous ?) Nous avons continué dans cet enfer et sur une des flèches orange quelqu’un a marqué : Still Here ? You crazy purist ! J’ai trouvé ça pas mal drôle.
Plus que 90 km...
Nous avons atteint la sortie de cette forêt sur l’heure du midi le lendemain. Un panneau nous indiquait que la fin approchait dangereusement. Nous étions à moins de 90 km de Bluff ! Notre objectif était d’atteindre Riverton. Rebecca, qui avait marché une section avec nous, s’occupait d’une maison dans ce village et elle pouvait nous recevoir. Angie était déjà là, elle qui était sortie plus tôt de l’enfer Longwood Forest. Il nous restait une plage et une autre section à marcher avant d’atteindre Riverton.
Il y a pas un bar sur la Tahiaka Beach ?
Après la Tahiaka Beach Track qui manque un peu d’entretien, nous sommes arrivés à Riverton. Rebecca et Angie étaient déjà en ville. Elles nous ont amenés chez les parents de Scott, Rebecca s’occupait de leur maison pendant qu’ils étaient ailleurs. Elles nous ont préparé une super bouffe et offert un lit douillet. Il ne nous restait plus qu’une plage de 32 km et la route d’Invercargill à Bluff à parcourir avant la fin de cette odyssée.
Un retour sur la plage
Malgré le confort du lit, j’ai eu beaucoup de difficulté à dormir cette nuit-là. Le périple sur lequel j’ai mis tellement de préparation et qui m’a demandé beaucoup d’effort était sur le point de se terminer. Je crois que je ne voulais pas qu’il se termine au fond. Cependant, toute bonne chose à une fin. Surtout que les deux dernières sections de la TA n’étaient pas les plus palpitantes. On se croyait revenir au début du sentier sur la 90 Miles Beach. Les plages, c’est très douloureux pour le corps de marcher sur ce genre de surface. Cette marche a duré une bonne journée pour atteindre Invercargill.
Une boîte nous suivait depuis le début avec le fameux service des bounce boxes. Nous avons fait le tri dans toutes ces choses inutiles ou trop prévoyantes que nous nous étions envoyées durant tout le sentier de ville en ville. Nous avons mis la balance dans nos sacs qui étaient maintenant plus lourds pour le dernier droit de ce sentier extraordinaire. Encore une nuit mouvementée m’attendait pour me réveiller dans ce petit Holiday Park étrange en plein milieu de la ville. Me réveiller pour une journée qui est comme les autres, mais qui a une saveur différente. C’était la journée de notre dernière marche vers Bluff, le terminus de l’île du Sud.